Tu connais Oulan-Bator ?

Il y a trois ans, une idée farfelue m'est venue. J'avais besoin d'évasion et de changement. Je regardais toutes les vidéos de voyages à moto sur YouTube, des gens qui faisaient le tour du monde, des morceaux de tour du monde, de simple road trip. Mis bout à bout, c'est stimulant et donne envie, le tout en off-road, discipline que je voulais de plus en plus découvrir.

L'émergence d'une idée

J'ai découvert la chaîne OnHerBike, qui a entrepris un tour du monde depuis l'Australie en commençant par la Corée du Sud, la Russie, la Mongolie, les pays en -stan, jusqu'en Afrique pour le moment. Les paysages qui défilent donnent envie et je me suis dit, pourquoi pas moi ?! Alors j'ai commencé à regarder.

L'idée initiale un peu folle

Partir pour un tour du monde, ça se prépare un minimum alors j'ai regardé par où passer, ce qui s'est déjà fait et puis j'ai réfléchi un peu, comment on fait traverser l'océan à la moto ? Ça ne m'avait pas l'air simple alors j'ai revu les ambitions : quelle zone de terre est-ce qu'on peut couvrir au maximum sans traverser les océans ? La réponse est plutôt simple : Vladivostok à l'est et Le Cap au sud. Une jolie boucle. Puis en regardant plus en détail, vers le sud arrivé à la hauteur du Sahara, c'est un peu chaud pour descendre plus bas. Passé l'Oural à l'est, il n'y a plus grand chose à voir en Russie alors j'ai réduit encore un peu, direction Oulan-Bator et c'est déjà pas mal.

L'implantation d'une idée

Lorsque j'ai commencé à en parler discrètement, j'ai eu le droit à un gros "J'espère que tu ne le feras pas" et un autre "Je ne pense pas que tu le feras" et je savais bien pourquoi. La première réaction m'avait touché assez fort, la seconde m'a challengée : "et ben tu vas voir". Heureusement, je me connais assez bien et je savais que ça allait évoluer, même si on m'a cru qu'à moitié. 😘

On a une destination, maintenant par où passer ? La voie expresse : Europe de l'est, Russie, Mongolie puis le retour, ou la voie plus engagée : Turquie, Iran, les pays en -stan, Mongolie. Comme je n'aime pas avoir les pneus carrés et que j'avais besoin d'évasion, le choix a été rapide. Pour la partie Europe, c'est plutôt simple au pire des cas il y a la route et au meilleur des cas, le Trans Euro Trail, comme ça on se met dans le bain tout de suite.

Les pays suivants sont un peu plus compliqués. Entre l'inconnu et tout l'administratif, il reste du boulot. Chaque chose en son temps, commençons par l'itinéraire pour continuer de rêver. La partie que j'attends le plus est la section des pays en -stan : Turkménistan, qui se fera en mode TGV, le pays n'ayant pas l'air d'être très accueillant. Le point à voir se trouvant au milieu : la Porte de l'enfer. L'Ouzbékistan ensuite, un peu plus sympa à priori mais où la recherche d'essence est un sport national. Le Tadjikistan, avec sans doute la meilleure section du voyage : la route du Pamir. Le Kirghizistan et Kazakhstan seront plus des pays de transit, le sport national est plutôt joué par les policiers, à celui qui récupère le plus gros pot de vin... Pour la suite, transit par la Russie jusqu'au lac Baïkal et l'entrée en Mongolie par le nord. Je devrais avoir la possibilité de parler à nouveau français si tout se passe bien, un ami est censé me retrouver par avion et nous devrions rejoindre le désert de Gobi ensemble. 🙂 La partie russe jusqu'à Moscou sera certainement la plus ennuyeuse puis Saint-Pétersbourg et à nouveau entrée en Europe où le trajet reste encore relativement flou mais je ne devrais pas me perdre.

Projet plus ou moins aboutit

La réalisation d'une idée

Le choix de la moto est déjà fait, plutôt que d'en changer pour une plus récente ou au contraire plus ancienne pour simplifier les éventuelles réparations, j'ai choisi de rester sur mon Tiger qui affichera ses 90 000km mais d'une très bonne fiabilité. Je l'ai donc équipé un peu, le seul point qui me fait un peu peur étant les valises (rigides) pour les pieds qui pourraient se coincer et leur solidité dont je commence à douter.

L'équipement du pilote ensuite, je devrais traverser plusieurs climats, du très chaud et du plus froid avec de l'eau sur la tête ou un cagnard d'enfer. Je n'ai pas envie de me trimbaler une maison sur le dos (en dehors de la tente). En cas de pluie, la combinaison ça va 5 minutes et niveau confort ou praticité c'est loin d'être idéal sur ce type d'aventure ! J'ai donc investi sur la tenue Klim Badland Pro (qui m'a coûté les yeux de la tête et un PV pour 2km/h) qui permettra de parer à peu près à n'importe quoi.

Il ne reste plus que quelques équipements de camping à trouver, les couches techniques et à partir, en gros... L'hiver n'étant pas la meilleure période pour se rendre dans les pays continentaux, j'ai choisi la période du printemps à l'automne : de fin mars à début octobre. Comme à un moment il faut choisir une date, ce sera le 28 mars, au changement d'heure, pour s'en rappeler facilement. Enfin, la partie la plus agréable et facile : l'administratif avec les visas, les assurances, le carnet de passage pour la moto... Et pour faciliter l'organisation, quoi de mieux qu'une pandémie qui permet de se projeter facilement à 2 mois ! Pour cette partie, j'ai presque tout à faire...

Quoi qu'il en soit, ça devrait être extraordinaire, l'idée initiale ayant bien maturée, l'objectif et l'état d'esprit avec lesquels j'aborde ce projet ont bien changés, pour le mieux. Ce qui en ressortira en sera tout aussi grandit et beau. J'ai plutôt hâte maintenant, mélangé avec ce sentiment que tout voyageur connaît bien : l’appréhension du départ, accentué par l'inconnu... En espérant que le COVID ne vienne pas trop casser les plans...