Après avoir visité Ljubljana, ville que j'ai beaucoup aimée, il est temps de partir pour la suite ! Direction le nord, vers l'Autriche avec Logarska Dolina et une cascade au bout de la route. Seulement, la route est fermée 3km avant cette cascade, que je n'aurais donc pas vue. Je continue vers le col et arrivé à la frontière, je suis confronté à une démarcation exactement identique à celles présentées dans les BD : côté autrichien, plein de neige et impraticable, côté slovène où tout est déneigé ! Je suis sage et fais demi tour.

La descente s'effectue nettement plus vite que la montée et je me dirige vers Bled et son fameux lac, que je vois en express, lié à la météo et ma route restante. Il doit être très beau vu d'en haut mais je ne me risque pas à sortir le drone à cause des gens et surtout des arbres proche de l'eau, la confiance en mes talents de pilotes est limitée.

La suite de la route me mène vers Trenta, pas de chance, col fermé, et à en juger par les sommets alentours, il ne doit pas y avoir que 10cm de neige ! À nouveau demi tour, décidément c'est ma journée... Et détour par l'Italie. D'ailleurs, frontière passée et instantanément on croise la conduite italienne typique, vivement la frontière à nouveau ! Je dépasse trois cyclistes en montant sous la petite neige fondue qui tombe, un petit arrêt au lac del Predl dont j'essaye de prendre quelques photos et vidéo au drone. Je retrouverais les cyclistes à Bovec (prononcé Bovets) : des hollandais partis il y a un mois avec un temps idéal et ça fait une semaine qu'ils ont mauvais temps, quand je suis parti, COMME PAR
HASARD
! 😈 Quelques échanges très sympathiques et un restau partagé, ils rejoignent l'indonésie mais sont confrontés aux mêmes problèmes que les miens avec les frontières à cause du covid entre autre...

Lago del Predil (deux vidéos)

Le lendemain la météo est un peu plus clémente pour rallier Izola (pas 2000), à nouveau de la petite route qui tourne que ça en peut plus, de jolis paysages quand même mais un ciel pas très folichon. Je croiserai un bar dont le nom me fera rire : Bar 2000, sans doute en collaboration avec Optique, pour dé dédoubler la vision. 🤔 Arrivé à Izola dans un camping un peu trop proche de la route mais au soleil.

L'île de Krk (si tu roules le R, c'est prononçable et c'est la bonne façon
😉) donnait envie, au moins pour son nom, c'est là que j'irai ensuite. Je commence par de la petite route, à longer la frontière pendant un bon moment sur la crête (mais en Croatie. Tu l'as ?). L'idée est de contourner Rijeka (Riyéca) que je n'avais pas vraiment aimé il y a trois ans : c'est une ville industrielle principalement et pas particulièrement belle... Sur la route je rencontrerai une dame qui me demandera si j'ai besoin de quelque chose, d'où je viens et où je vais : "Bon voyage !" me
dit elle ! ♥️

L'île de Krk a l'air très belle, petite avec de jolies routes, qui m'auront bien permis de ré-arrondir les pneus, je passerai par une ville au joli nom de Soline, avec un beau panorama ! 😉 À nouveau au camping où il pleuvra suffisamment dans la nuit pour ne pas pouvoir faire sécher la tente le lendemain...

Le lendemain d'ailleurs, c'est là que ça devient marrant, l'aventure de haut niveau ! Je dois atteindre Gračac (Gratchats) où j'ai trouvé quelqu'un qui pourra m'héberger éventuellement quelques jours, le temps que le mauvais temps passe. Mais avant ça, je passe sur la route de la côte, très réputée avec de jolis point de vue, tout va très bien, il fait beau ! Puis je bifurque, je me fais emmener dans le parc de Velebit par le GPS, très charmant parc, peut être l'équivalent de notre chartreuse. Il est la zone tampon entre la climat méditerranéen et le climat continental, la neige peut rester longtemps par endroit d'après le panneau, il s'agira d'être vigilant donc. La route est belle, le paysage quand on l'aperçoit aussi d'ailleurs. Je croise quelques bûcherons et quelques névés sur la route, mais tout va bien, les voitures passent donc j'ai une trace pour passer sereinement. Il commence à y avoir un peu plus de pommes de pin et cailloux au milieu de la route, il doit y avoir moins de gens qui viennent par là... 🤔 Et là je tombe sur une névé, avec des traces de voitures aussi, mais qui ont été recouvertes par de la neige récemment. C'est court, on y va. Et là... qu'est-ce que j'avais pas fait ! 🤦 Bloqué, au milieu... Je descend, je pousse, j'allège l'arrière, je sors. Bon, ça va c'est passé mais je pourrais pas faire demi tour, j'espère que la suite ira, toujours confiant. Névé suivante, pareil en plus facile, ça va. Troisième ça devient challengeant quand même... Et la 4ème... 300m à traverser... Le téléphone indique "Aucun service"... C'est la merde et la route a l'air de repasser côté ubac. Côté où il y a l'ombre le plus longtemps, j'ai appris il y a pas longtemps
alors je te laisse le replacer à ton tour. Côté soleil c'est l'adret, cadeau !

Aucune autre route entre temps qui permette de bifurquer... Pas bon du tout... 😬 J'en chie comme c'est pas permis, ça met la pression, mais je gère, contrairement au matin où j'avais qu'une envie c'est rentrer à cause de la météo... Cervelle à la noix va... T'es en situation à risque et tu gères, tu te sors les doigts alors que pour un peu de pluie et de froid qui risque trois fois rien, c'est la fin du monde... Pfff... Bref, j'arrive à une zone plus dégagée, ça capte toujours pas mais j'essaye 112, marche pas (je savais pas, mais tant mieux après coup). Je tourne à pied, j'essaye de voir ce qu'il y a autour parce qu'il y a une autre névé et je commence à en avoir assez... Bon ben, on y va, plein fer plus ou moins, avec l'élan ça va passer... évidemment, la chute est là au bout de 5m, moto sur la botte (merci Forma au passage) et vas y relever une moto de 320kg dans la neige c'est facile ! (non) Je rebourrine et fini par sortir à nouveau, puis encore une, plus facile, ok on respire, ça a l'air d'aller mieux. 23km avant le prochain changement de direction, je compte les kilomètres et me parle pour me rassurer, on respire, ça va aller. Et effectivement, c'est allé ! Je retrouve du réseau et même des gens à qui je demande comment est la route, c'est ok ! Soulagé, enfin !

J'arrive chez Rod, qui va m'héberger au moins la nuit. Je suis sec et presque au soleil, par chance parce que ce n'est pas du tout ce qu'avait annoncé la météo. Je raconte mon épopée et la pression redescend tranquillement avec une bière (pas pression mais bonne quand même). 🙂 C'est un ingénieur, préparateur de side-car de tous types, il en a même conçu un sur base d'une Rocket III pour une personne handicapée, pour qu'elle puisse avoir les mêmes sensation que le conducteur et a même dû aller jusqu'à répliquer tout le tableau de bord original dans le panier pour améliorer encore son expérience !

L'échange nous mène à une histoire hors norme... Et je vais essayer de la raconter avec autant de détails qu'il m'en a donné, en espérant la rendre aussi exaltante que ce qu'il a pu me transmettre !

Son père était également ingénieur et a réussi à mettre un moteur de moto sur un kart, il s'agissait sans doute de la première fois que quelqu'un faisait quelque chose comme ça. Un jour il s'est dit, pourquoi ne pas mettre un moteur de Triumph (pour les non motards, ces moteurs sont exceptionnels avec une sonorité et des performances incomparables, et je dis pas ça parce que j'ai une Triumph 😛) seulement c'était à l'époque ou Triumph était en faillite. Un jour il prend sa voiture et de l'argent et va voir la fabrique, le garde ne le laisse pas entrer mais il s'installe avec une tente devant l'entrée : il ne repartira pas sans un moteur ! Quelqu'un vient finalement le chercher et essaye de discuter, on lui explique que ça ne va pas être possible, l'entreprise est en faillite, tout est gelé, on ne peut rien faire, les moteurs restants sont à destination des états-unis. Il continue de discuter et la personne fini par aller trouver un autre responsable, lui disant que cette personne avait besoin d'un moteur, qu'elle allait sauver l'entreprise... On fini par lui donner un moteur, qui était entreposé sous un atelier, qu'un mécanicien allait récupérer. Il est donc reparti avec ce moteur. Il commence son projet mais ne peut pas le terminer, son père (le grand père de Rod donc, si tu suis bien) décède et ne revient pas dessus. Lorsque Rod a 17 ans, il doit faire un stage en entreprise, il va donc dans l'entreprise de son père et connaît cette histoire. Il lui demande à travailler sur le kart comme projet d'étude, pour le terminer. Le moteur fini par fonctionner, le kart aussi, c'est la première fois que le moteur est démarré ! D'après ses dires, avec une sonorité exceptionnelle grâce entre autre à un collecteur 3-1 (les vrais savent). Le temps passe et au moment de quitter l'Angleterre pour s'installer en Croatie, il cherche à vendre ce kart avec ce moteur. Il contacte Triumph, une première personne vient, dit qu'il aimerait le récupérer, une seconde vient également le lendemain, d'un musée, il regarde il demande l'historique, il reçoit donc l'histoire et la personne regarde avec un peu plus d'attention, sa mine change. Il lui annonce que s'il lui raconte d'où vient ce moteur, il ne voudra plus le vendre ! Il fini par lui apprendre qu'il s'agit d'un prototype de trois moteurs des premières Speed Triple, qui n'ont jamais tourné parmi trois existants. Rod demande de quel numéro il s'agit. La personne lui explique qu'il a déjà le numéro trois mais que là, il s'agit du numéro un ! 😱 Il lui raconte ce qu'il compte faire de celui-ci : le remettre en état, le vérifier le faire tourner dans des courses et bien sûr l'exposer aussi. Il remportera donc cette pièce d'histoire face au premier acheteur qui ne souhaitait que l'entreposer.

Un peu de repos à nouveau, pour laisser le mauvais temps passer, j'en profiterai pour faire mon changement d'huile et préparer à nouveau la suite. La semaine qui arrive est annoncée finalement comme très belle ! En espérant que ce soit la première d'une longue série ! 🤞