“Pour mieux se relever” si vous avez vu Batman Begins. Ça marche aussi en moto même si c’est plutôt risqué, mais c’est aussi comme ça qu’on apprend.
Le passager (ou passagère en l’occurrence) influe beaucoup sur le comportement de la moto mais que le bon réglage de celle-ci (la moto, pas la passagère) est également très important. Il est également indispensable d’être lucide sur ses capacités et de savoir pourquoi une chute s’est produite pour éviter de renouveler l’expérience ainsi que se remettre en question. mais pour ça, c’est tous les jours, que ce soit à moto ou non.
La petite histoire
Rendez vous avec mon groupe de motard habituel on en reparlera un samedi après midi, non pas pour faire de la moto mais du karting. Nous avons un point de rendez-vous pour se rendre ensuite en groupe jusqu’à la piste de karting. J’embarque une passagère qui n’était encore jamais montée avec moi et que je connaissais que depuis quelques semaines. Elle est cependant habituée à la moto et sait déjà comment il faut se tenir. Aie confiaaannnnccccceeee
On fait la route sans problème particulier jusqu’à notre point de rendez en dehors des deux-trois voitures habituelles, des quelles il faut toujours se méfier,puis nous allons faire notre session de karting. Nous avons tout de même réussi à couper le groupe en trois sur les 23km parcourus dont une majorité de voie rapide.
La session de kart se déroule super bien. Alors que personne ne la connaissait, ma passagère surprend tout le monde avec une troisième place sur une piste wetet cinq 360. Pendant que la majorité galère parce que c’est leur première fois sur kart. Je commence sixième et termine septième sur treize après avoir visité le bac à gravier au premier virage après le départ sur un freinage un peu optimiste. Ça promet pour la session de piste prévue au 13 juillet, en moto cette fois.
On décide ensuite d’aller boire un verre et manger un morceau ensemble histoire de bien terminer la journée. On repart en moto, toujours avec ma passagère, quelques virages, rien de rapide et sans pression.
La route n'est pas très large et l'accotement n'est pas des meilleurs. comprendre il faut pas trop se louper Un virage à gauche, la moto qui tire à droite,
"ça passe, c'est toujours passé"... La roue avant qui sort dans la sorte de petit fossé qui sert pour l'écoulement de l'eau de pluie et évidemment ce qui devait arriver arriva. 10 à 20 mètres de glisse sur une chute à pas plus de 50 ou 70km/h, on dirait pas comme ça mais ça peut être long. Et je vois la moto partir au loin avec quelques étincelles et de la poussière qui se lève. Je prie un peu pour que derrière les motos et voitures s'arrêtent à temps et que personne n'ai rien. Je tourne la tête pour essayer de voir où va ma passagère... Ha elle est dans le fossé en train de faire des roulades, c'est pas très bon ça... le casque jaune fluo aide pas mal à distinguer un peu sur un moment de stress !
Je me relève, je regarde vite fait où j’ai mal, nulle part. Petit coup d’oeil à la moto, de toute façon je peux rien faire de plus, elle est au sol. Je vérifie la passagère, je l’aide à se relever, ça a l’air d’aller. “Ça va ? Oui”. J’insistes parce que je la connais pas vraiment non plus. “T’es sûre ? Oui oui, c’est bon, j’ai rien” avec le sourire, zéro stress… parfait mais moi, le stress, il arrive là
Je vérifie les dégats matériel sur les vêtements : les gants en cuir ont fait leur boulot (ils sont toujours vivants et on ne voit rien), mon premier blouson textile d’il y a 4 ans a fondu un peu sur le coude mais vu la tronche qu’il avait avant, j’étais en train de le finir (et il est toujours utilisable). La demi botte gauche toute neuve a ramassé un peu mais elle a fait le job aussi et est toujours utilisable, le kevelar n’a rien et la tête n’a à priori pas touché le sol.
Côté passagère, le blouson en cuir, on ne voit aucune trace, les gants pareil, le pseudo jean même pas moto, un tout petit trou mais on voit rien. Les chaussures (moto) rien non plus et la tête n’a à priori pas touché le sol non plus. Au final elle s’en sort mieux que moi. tant au niveau matériel que mental.
La moto du coup ? Je la relève vite parce qu’il y a du monde, et on est juste avant un virage. parfait Je regarde un peu plus en détail, c’est bizarre elle a rien… Juste le carter qui a pris un peu plus que le reste, le pare main forcément, le rétro plus très droit, le cale pied conducteur qui s’est tordu au bout mais sans gravité et le cale pied passager qui ne tiendra plus replié, dommage.
Les plastiques autour du réservoir et le réservoir lui-même n’ont rien. Alors qu’il s’était rayé (le plastique) quelques semaines plus tôt sur une chute à l’arrêt, sans moi dessus, pour prendre une photo. La triple loose, le bout du levier d’embrayage avait cassé également. Pas si catastrophique.
J’enlève le casque et les gants pour respirer 5 minutes et là ça commence à cogiter dans la tête à une vitesse folle. Ma passagère est prête à remonter immédiatement, toujours en confiance à 100%, J’hallucine complet. Aucune de mes amies avec qui je serais tombé n’aurait été si sereine que ça ! Et moi je me poses mille questions, pourquoi c’est arrivé aujourd’hui ? Maintenant ? C’était facile, comment ça se fait que la moto est partie à droite ? Et pourquoi j’ai pas corrigé la trajectoire pour être sûr de passer ? Je savais que la route était pas si large que ça ! J’suis trop con !
Finalement un collègue récupère ma passagère pour me laisser souffler encore un peu et me permettre de faire descendre la pression. Je dégage du virage et je repart quelques dix minutes plus tard avec un collègue resté avec moi. Je récupère ma passagère un peu plus loin avec un peu d’apréhension pour quelques centaines de mètres jusqu’au bar. On boit un coup, on discute des prochaines sorties et vacances, on essaye de se détendre, j’ai un peu de mal, je me demande comment les parents vont réagir. comment ça offciellement il ne s’est rien passé ?! Si elle voudra bien remonter un autre jour. spoiler : elle voudra. Mais un mal de tête qui arrive et qui sera là de temps en temps la semaine suivante, jusqu’à la première séance de kiné prescrite sur les cinq.
C’est ce qui m’est arrivé de plus grave dans cette chute, aucune autre douleur ni même bleu. allez, une légère brûlure sur le coude mais pas aussi grave que si je n’avais pas porté ce pull entre le t-shirt et le synthétique de blouson
Après ce petit verre et quelques parts de pizza avalées, il faut rentrer, bien sûr la route est trempée et il y a encore quelques goutes. super pour être en confiance…
Il m’aura ensuite fallu 4 jours pour remettre à peu près tout en ordre dans la tête. On m’aura pas mal aidé2 et un bon travail sur moi-même pour se dire que personne n’a rien et que toute la confiance est toujours là, à 100% de mon côté comme celui de la passagère. Et une semaine à être surpris par son comportement et sa réaction.
Analyse et leçon
Pendant la semaine qui a suivi cette chute, j’ai cherché pourquoi je suis tombé. Pourquoi la moto tirait à droite. Est-ce que c’était l’amortisseur arrière que je savais pas d’aplomb, est-ce que c’était juste que je manquais d’habitude avec un passager mais pourquoi ça ne me l’avait pas fait avec les quelques autres que j’ai eu ?
Bref, qu’est-ce qui a influé sur la moto et qui a fait que ça s’est pas passé correctement ?
Une des premières causes qui m’est venue à l’esprit pour cette chute est cet amortisseur. Il s’est avéré qu’il était en effet mal réglé, la révision chez Triumph la semaine suivante me l’a confirmé. Même si ça a certainement joué en ma défaveur, ce n’est pas la raison principale.
Connaître son passager et savoir communiquer avec lui est essentiel sur une moto. ça je l’ai appris pendant les brefing des balades apprentissage.Et comme je l’ai dit, je la connaissais que depuis quelques semaines et c’était la première fois que je la prenais.
On est remonté tous les deux sur la moto la semaine suivante et chaque semaine ayant suivi en fait… pour finir de se remettre en confiance. La moto tirait toujours à droite sur les virages à gauche et aucun souci sur les virages à droite. En fait, elle n’aime tout simplement pas les virages à gauche… Régulièrement la jambe gauche ne serre plus la moto et il faut forcer un peu plus pour garder la trajectoire. On a donc la raison principale de l’écart de trajectoire qu’il y a eu : un déséquilibre non corrigé.
La dernière raison, peut être la plus difficile à trouver, est l’excès de confiance en moi quant à la perception de la largeur de la route. Les jours qui ont précédés, en me rendant au travail, plusieurs fois je me suis dit que je roulais trop vite, qu’il fallait que je me calme. Quelques semaines avant, lors du pont de l’Ascension, en Auvergne, je me suis rappelé quelques erreurs (certaines plutôt grosse, voire dangereuse) qui selon moi n’auraient jamais dû se produire. Une bonne remise en question était donc nécessaire et a bien eu lieu, trop tard de quelques jours. Je me suis calmé et redeviens aussi prudent qu’avant, il reste encore un peu de chemin mais c’est en bonne voie.
Aujourd’hui, mes virages à gauche quand je suis seul, elle, elle n’aime pas plus qu’avant vont aussi bien que précédemment, ils n’avaient pas trop soffert non plus. Il est très probable que si j’étais tombé seul je n’aurais pas eu de souci pour remonter sur la moto immédiatement. Tout le reste est comme avant, voire mieux puisque ma passagère et moi sommes ensemble. ouai, l’histoire du constat sur un accident, c’est hasbeen. Au moins question confiance, il n’y a pas trop de question à se poser.