Après avoir patienté que la neige tombe le samedi et en avoir profité pour essayer de préparer la suite ou voir comment je peux faire, le dimanche Rod me propose un tour en 4x4, ce qu'évidemment, j'accepte ! 🙂 Nous aurons de la neige éparse, du froid et du vent, je ne suis pas particulièrement équipé pour ces conditions... Mais le pic-nic aura été ensoleillé ! Une fois rentrés, j'ai le droit à quelques crêpes, bien françaises, accompagnées de bière, pas française du tout ! J'en profite pour demander si la route que je pensais prendre pour rejoindre Benja Luka en Bosnie était une bonne idée, je me doutais un peu de la réponse, c'est évidemment non. Il vaudra mieux coller à la côte pour être plus serein.
Départ en direction de Zadar le lundi matin, comme prévu, grand soleil ! Petit détour par l'orgue marine que j'avais entendu chanter il y a trois ans, cette fois-ci la mer est trop haute et on ne l'entend pas. Ou le réchauffement climatique, je ne sais pas... Bref, direction Split pour la suite puis plus bas pour dormir : Omiš. Split n'a finalement pas eu grand intérêt, la ville est plus grande que ce qu'elle ne paraissait quand nous avions débarqués il y a trois ans, il faut que je sorte vite ! La route de la côte est très belle aussi plus bas, seulement, le bout qu'il ne faut pas manquer lorsqu'on va en Croatie, est celui que j'ai manqué lorsque je me suis mis dans la neige... Au moins maintenant je peux dire que j'ai fait toute la côte croate. Je trouve donc un camping à Omiš après un petit détour sur une route qui vaut son pesant de cacahuètes. 🙂
Je repère un bout de route pour le lendemain qui longe une rivière, topissime ! Je finis par rentrer à nouveau dans les terres et je franchis la frontière après Imotski. Et c'est pas la frontière espagnole : côté croate, après avoir donné ma carte d'identité on me demande papiers de la moto, ensuite si j'ai un passeport et finalement on me demande d'enlever le casque. Côté bosniaque, carte d'identité et papiers de la moto, covid (visiblement ses yeux savent lire les QRCode) et "Where do you go?!" (si tu as roulé les R et pris l'accent typé russe, tu as un bonus point 😉). "Greece, Mostar, Sarajevo", c'est pas tout à fait dans l'ordre mais bon, ça passe...
Et là, le dépaysement et le changement de culture, tu le sens. Déjà à la façon de rouler, ça roule comme dans les années 90 (voire avant), la limite de vitesse est théorique, les lignes blanches aussi, les clignotants sont en option, on roule au milieu sur les routes sinueuses. MAIS, contrairement à l'Italie, ils ne viennent pas te sucer la roue si tu n'es pas à leur rythme (par contre il arrive qu'ils te dépassent en te laissant 2m de marge), ils vérifient leurs rétros et savent anticiper. Bref, je me sens plus en sécurité ici qu'en Italie, même si j'ai pas les notions de la conduite des années 90. 😛
Sinon, question paysages, trucs jolis à voir, je commence par Mostar, incontournable pour son pont, détruit pendant la guerre de Yougoslavie, si tu as moins de 30 ans, c'est normal si tu ne connais pas ce pays. 👴 On voit aussi qu'elle a largement été influencée par l'empire ottoman sur son architecture et ses mosquées, ce sont d'ailleurs les premières que je vois. J'en profite pour ENFIN enlever une couche sous le blouson et je peux même rouler aérations ouvertes, la météo du début du voyage est déjà loin ! 😍
S'ensuit la direction de Sarajevo, parce qu'il reste de la route quand même ! Je prend la E73, que je recommande chaudement ! Elle longe la Neretva, eau turquoise, dans une gorge plus ou moins ouverte selon les endroits, jusqu'à la sorte de rocade de Sarajevo. À nouveau, une trop grande ville pour moi, mais des fois, il faut. J'ai repéré un camping tout en haut et le GPS me fait passer par des rues improbables avec une pente toute aussi improbable : 17° (30%) sans descendre en dessous des 14° (24%) sur 600m, quelques épingles et virages à angle droit, heureusement que j'ai croisé personne ! 😰 Le camping est fermé. 🤦
Je demande au GPS s'il n'a pas autre chose, ce qu'il a, mais je m'arrête plus tôt car je trouve "rooms, 10€", elle en vaudra finalement 15 à 1€ le mètre carré, une salle d'eau approximative, pas de chauffage et ça sent un peu le tabac froid. Première erreur de parcours concernant le logement... Dommage. Le lendemain départ au plus tôt direction le centre ville pour déjeuner et trouver un pont particulier. Les immeubles plus ou moins en ruine, en tout cas portant encore largement les traces de la guerre, côtoient les bâtiments un peu plus récents ou du moins rénovés.
Le pont, si tu as suivi tes cours d'histoire, tu le connais : c'est celui où tout à commencé en 1914. Et bien il n'est pas particulièrement mis en valeur, ni caché d'ailleurs, c'est sans doute normal, ce n'est sans doute pas la fierté du pays. Il y avait un monument à l'époque à la mémoire de François Ferdinand et son épouse, Sophie duchesse de Hohenberg, qui a été enlevé en 1917.
Sur le chemin pour retrouver la moto je tombe sur le musée des crimes de guerre et génocide. Oui, on change d'ambiance, mais c'est important et qu'étant né en 91, l'histoire de l'ex Yougoslavie, je connais pas. On est invité à prendre des photos, je n'en prendrais pas, trop absorbé sans doute. Les images sont choquantes, les objets exposés sont comme lorsqu'ils ont été sortis de terre, une montre, des lunettes, un peigne, une caméra... Des os... Je vais me passer de te raconter quelques histoires que j'ai pu lire mais des os d'une grossesse à 9 mois, c'est tout petit... 💔😢 La Bosnie est le pays qui a le plus souffert du conflit, il reste un grand nombre d'endroit où on peut trouver des panneaux prévenant des mines. À lire (un peu rapidement, je l'admet) l'histoire du début du conflit, je trouve que ça ressemble étrangement à ce qu'il se passe en Ukraine... 💔🇺🇦
Après avoir soufflé un coup, il est temps d'enfin partir, direction le Monténégro ! En faisant un crochet par le parc de Tjentište et son monument. Mais je vais garder le suspens pour la semaine prochaine, cet article étant déjà beaucoup trop long ! 😉